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Quant à mes affaires, je ne vous en parle pas pour le moment. Je suis sur le point de prendre une résolution et je n’attends pour le faire qu’une réponse de la Gr<ande>-Duchesse à la lettre que ma femme lui a écrite dernièrement. Il est possible et même probable que j’irai cet automne à Pétersb<ourg>. Dans peu de jours je le saurai positivement*. Quant à Nicolas, voilà, je crois, bientôt un an que je n’ai pas eu de ses nouvelles directes. Il est vraiment affligeant que par suite d’une indigne paresse nous nous perdons ainsi de vue.
Mes trois aînées sont en ce moment établies à la campagne au lac de Starnberg, à une vingtaine de verstes de Munich, avec leur gouvernante et sous l’aile protectrice de Sévérine et de sa femme qui y passent leur été. Nous les avons envoyées là pour leur faire respirer un meilleur air, et, en effet, elles en ont fort bien profité. Quant à la petite Marie, elle prospère fort bien ici et devient très jolie. Pour le garçon, il est décidément laid, ce qui n’empêche pas que ma femme ne trouve qu’il me ressemble beaucoup.
Je recommande tout ce petit monde à votre affection, mais surtout ma femme qui, sans exagération, est tout ce qu’il y a de meilleur et de plus digne d’être aimé. Ce qui est tout aussi vrai, c’est l’extrême désir qu’elle a de vous connaître, de ce faire aimer de vous et de passer auprès de vous tout un été à Ovstoug, mais bien entendu, à Ovstoug. Elle y tient absolument, car pour Pétersbourg, elle ne veut pas en entendre parler.
Quand vous écrivez à Dorothée, faites-lui bien mes compliments ainsi qu’à son mari. Comment va sa santé? J’aime à croire qu’elle va mieux, puisque vous ne m’en parlez pas.
Adieu, chers papa et maman, dans quelques jours je pourrai, je crois, vous parler d’une manière plus positive sur ce que je compte faire — pour le moment, je ne vous dirai autre chose, sinon que je ne me lasse pas de désirer de vous revoir. Je baise vos chères mains et suis à v<ous> de cœur et d’âme. Votre tout dévoué fils
T. Tutchef
ПереводМюнхен. 8/20 июля 1841
Сию минуту я получил, любезнейшие папинька и маминька, ваше письмо от 15 июня, посланное через Петербург. Надеюсь, что мое, которое я отправляю тем же путем, также дойдет до вас. Я тем более желаю, чтобы вы его получили, что на сей раз имею сообщить вам хорошее известие. 14/26 прошлого месяца жена родила мальчика. Роды были благополучные, хотя более тяжелые, нежели предыдущие, и сейчас, через три недели после этого события, она уже совсем на ногах. Но подробности вы узнаете из ее письма. Ребенок крепкий и очень живой, и, несмотря на мое безразличное отношение к полу будущего ребенка, я был очень рад, что на этот раз появился мальчик, ибо этот раз, надеюсь, будет последним. В этом случае все доставило мне удовольствие, все, кроме вопроса об имени, которое я оказался вынужденным дать ребенку. Вы знаете о моих отношениях к Северину. Он питает ко мне и ко всей моей семье живейшую приязнь. Он был крестным отцом моей младшей девочки и настоял на том, чтобы быть также крестным отцом новорожденного, тем более что это мальчик. Не было возможности отклонить его предложение, не обидев его. А обижается он весьма легко. Но не было также возможности, изъявив согласие на то, чтобы он был крестным отцом, не согласиться принять и его имени, и вот почему этот ребенок, от века предопределенный называться Иваном или Николаем, получил имя Димитрия. Я был очень раздосадован этим и моя жена тоже, но это было неизбежно. Помимо того, что меня обязывала большая дружба Северина ко мне, я имел еще иные причины не желать в качестве крестного отца никого другого. При теперешних обстоятельствах, а главное, в том положении, в коем я оказался, без сомнения, не было лучшего способа засвидетельствовать факт православного крещения, как обратиться к русскому посланнику.
Что касается до моих дел, то сейчас я не буду говорить вам о них. Я собираюсь принять решение и, чтобы сделать это, жду лишь ответа великой княгини на письмо, которое моя жена недавно написала ей. Возможно и даже вероятно, что этой осенью я поеду в Петербург. Через несколько дней я узнаю это положительно*. Что касается Николушки, то скоро год, мне кажется, как я не имел от него непосредственных известий. Поистине прискорбно, что вследствие постыдной лени мы так теряем друг друга из виду.
Мои три старшие девочки сейчас устроены в деревне на Штарнбергском озере, верстах в двадцати от Мюнхена, с их гувернанткой и под крылышком Северина и его жены, проводящих там лето. Мы отправили их туда, чтобы дать им возможность подышать лучшим воздухом, и действительно, им это очень на пользу. Что касается маленькой Мари, она благоденствует здесь и становится очень хорошенькой. Мальчик же решительно некрасив, что не мешает моей жене находить, будто он очень похож на меня.
Весь этот народец поручаю вашей нежности, главное же — мою жену, которая без преувеличения соединяет в себе все, что есть лучшего и достойного быть любимым. Что столь же справедливо, это ее чрезвычайное желание познакомиться с вами, заслужить вашу любовь и провести с вами целое лето в Овстуге — но именно в Овстуге. Она безусловно на этом настаивает, так как и слышать не хочет о Петербурге.
Когда вы будете писать Дашиньке, очень кланяйтесь от меня ей, а также и ее мужу. Как ее здоровье? Надеюсь, что ей лучше, ибо вы о ней не говорите.
Простите, любезнейшие папинька и маминька; я думаю, что через несколько дней смогу более положительно сказать вам, что рассчитываю делать — теперь же говорю только, что не перестаю желать свидеться с вами. Целую ваши дорогие ручки и остаюсь сердцем и душою вашим. Ваш преданнейший сын
Ф. Тютчев
Тютчевым И. Н. и Е. Л., 10/22 сентября 1841*
63. И. Н. и Е. Л. ТЮТЧЕВЫМ 10/22 сентября 1841 г. ВеймарWeimar. Ce 10/22 septembre 1841
C’est à Weimar, chers papa et maman, que j’ai reçu votre dernière lettre en date du 3 août. Vous savez que je désirais depuis longtemps visiter cette ville. J’avais formé ce vœu en l’honneur de Goethe et je viens de le réaliser en l’honneur de Maltitz, à qui j’avais promis à son départ de Munich que je viendrai le visiter dans son nouvel établissement. Je vous ai écrit, je crois, dans le temps qu’il a été nommé ch<argé> d’aff<aires> à Weimar, récompense qui lui était bien légitimement dûe et depuis longtemps. Nous nous sommes donc retrouvés ici après 4 mois de séparation, fort heureux de nous revoir. Mais Weimar comme séjour définitif n’est pas précisément ce qu’il y a de plus amusant. C’est une petite ville qui vit sur son passé. Mais ce qui donne une valeur réelle à W<eimar> comme poste diplomatique, c’est l’individu de la Grande-Duchesse*. C’était la première fois que j’avais l’honneur de lui faire ma cour et malgré tout le bien que j’en avais entendu dire, elle a encore surpassé mon attente. On ne saura avoir plus de grâce avec plus de dignité. C’est tout en même temps une très grande dame et une femme très aimable. Elle est revenue dernièrement de Pétersbourg et est encore toute heureuse d’avoir revu son pays et sa famille. L’accueil qu’elle a bien voulu me faire a été des plus gracieux. Pendant les 8 jours que j’ai passés là j’ai dîné trois fois et passé une fois la soirée chez elle. Je rentre en ce moment même de la maison de campagne qu’elle habite dans cette saison. En fait de Russes j’ai vu aujourd’hui chez elle Madame Васильчиков, la femme du président du Conseil, avec sa fille*.
Ce qui me rend plus précieux encore le bon accueil que j’ai reçu ici, c’est que mon voyage à Weimar, outre le désir de revoir les Maltitz, avait encore un autre objet qui m’est plus directement personnel. Voici ce que c’est. Je vous ai fait connaître l’intention où j’étais de placer mes trois filles aînées à l’Institut de Pétersb<ourg>. Mais comme vous avez remarqué vous-mêmes, il n’y a qu’Anna qui soit d’âge d’y être placée immédiatement. Les deux autres sont encore beaucoup trop jeunes pour cela. Or, leur tante Maltitz, depuis qu’elle est à Weimar, m’a proposé dans le cas où je me déciderais à conduire Anna en Russie, de laisser provisoirement chez elle les deux petites*. Je me suis assuré que sous beaucoup de rapports ce parti était le meilleur à prendre dans l’intérêt de ces enfants. Vous savez qu’il y a ici une chapelle russe et un prêtre russe, de manière que ces enfants, en s’élevant ici, ne resteront pas étrangères à leur religion et à leur langue et se trouveront suffisamment instruites dans l’une et dans l’autre jusqu’à l’époque où elles auront l’âge requis pour entrer à l’Institut à leur tour. Clotilde qui a pour elles toute l’affection possible en aura soin comme de ses propres enfants, et grâce à sa position dans ce pays, je puis me flatter qu’elle pourra sans peine attirer sur elles l’intérêt et la bienveillance de la Gr<ande>-Duchesse. Quant à leur entretien qui comme de raison retombe tout entier à ma charge, il ne me coûtera pas beaucoup plus que si je les gardais auprès de moi. L’essentiel maintenant c’est de faire consentir ma femme à cet arrangement, et ceci ne s’obtiendra pas sans difficulté, car elle est très attachée à ces enfants et elle aura de la peine à se décider à s’en séparer. Il le faudra bien néanmoins, car si, comme nous y sommes décidés, nous allons à Pétersb<ourg>, le printemps prochain, l’obligation de traîner après nous la bande toute entière compliquerait à l’infini les embarras et la dépense du voyage, et ce serait un grand soulagement pour moi que de pouvoir laisser une partie au moins de ces enfants en Allemagne, confiés à des menus soins, comme celles des Maltitz.
Ma femme qui a fait avec moi une grande partie du voyage ne m’a quitté qu’à Carlsbad, d’où elle est directement retournée à Munich, pour ne pas laisser trop longtemps les enfants privés de sa surveillance. Nous sommes d’abord allés à Prague* que je ne connaissais pas encore et que j’ai visitée avec le plus grand intérêt. C’est une magnifique ville et qui à quelques égards rappelle Moscou. A Carlsbad, au moment où nous y sommes venus, la saison tirait à sa fin*, et nous n’y avons trouvé que peu de monde. Maintenant je vais songer à mon retour. Je partirai d’ici après-demain et passerai par Leipsick, où la foire se tient en ce moment, et Dresde, où je compte aller voir la cousine Языков, née Ивашев*. Grâce aux chemins de fer, dont une partie est déjà achevée, toutes ces villes se sont magiquement rapprochées. Dans quelques jours le chemin de fer de Leipsick à Berlin sera entièrement terminé, et ce qui jusqu’à présent exigeait deux jours de voyage, se fera dans 7 heures. D’ici à quelque temps l’Allemagne toute entière grâce aux chemins de fer ne tiendra pas plus de place sur la carte du voyageur que n’en occupe maintenant une seule de ses provinces.
Quant à mon voyage en Russie, je n’y ai nullement renoncé, mais je ne pourrai le faire qu’au printemps prochain. La saison est déjà si avancée que si j’allais maintenant à Pétersb<ourg>, je me verrais obligé d’y passer tout l’hiver, ce qui ne saurait me convenir et ce à quoi ma femme, d’ailleurs, ne se résignerait jamais, et un séjour de quelques semaines ne remplirait pas l’objet pour lequel je veux y aller. Je vous ai dis, je crois, que c’est principalement sur l’intérêt de la Gr<ande>-Duchesse M<arie> que je compte pour placer l’une ou l’autre des petites à l’Institut. Mais comme la G<rande>-Duchesse attend ses couches, le mois prochain*, le moment serait peu opportun de s’adresser à elle. Mes propres affaires, d’ailleurs, ne s’accommoderaient pas d’un séjour, comme le dernier. Cette fois, quand j’irai en Russie, je veux y passer des mois entiers, ne fût-ce que pour avoir le loisir d’aller vous faire une visite à Ovstoug, et pour réaliser tout cela j’ai besoin d’avoir un été tout entier à ma disposition.
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