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Читем онлайн Переписка 1815-1825 - Александр Пушкин

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Vous êtes désolante; j'étais en train de vous écrire des folies, qui vous eussent fait mourir de rire, et voilà que votre lettre vient m'attrister au beau milieu de ma verve. Tâchez de vous défaire de ces spasmes qui vous rendent si intéressante mais qui ne valent [412] pas le diable, je vous en avertis. Pourquoi faut-il donc que je vous gronde? Si vous aviez le bras en écharpe, il ne fallait pas m'écrire. Quelle mauvaise tête!

Dites-moi donc, que vous a-t-il fait ce pauvre mari? N'est-il pas jaloux par hasard? hé bien, je vous jure qu'il n'aurait pas tort; vous ne savez pas (ou ce qui est bien pire) vous ne voulez pas ménager les gens. Une jolie femme est bien maîtresse…. d'être la maîtresse. Mon Dieu, je n'irai pas prêcher de la morale. Mais encore, on doit des égards au mari, sinon personne ne voudrait l'être. N'opprimez pas trop le métier, il est nécessaire de par le monde. Tenez, je vous parle à coeur ouvert. A 400 v. de distance vous avez trouvé le moyen de me rendre jaloux; qu'est ce donc que cela doit être à 4 pas? — (NB: Je voudrais bien savoir pourquoi Mr votre cousin n'est parti de Riga que le 15 du courant, et pourquoi son nom s'est-il trouvé 3 fois au bout de votre plume dans votre lettre à moi? sans indiscrétion peut-on le savoir?). [413] Pardon, Divine, si je vous dis franchement ma façon de penser; c'est une preuve du véritable intérêt que je vous porte; je vous aime beaucoup plus que vous ne croyez. Tâchez donc de vous accomoder tant soit peu de ce maudit Mr Kern. Je conçois bien que ce ne doit pas être un grand génie, mais enfin ce n'est pas non plus tout-à-fait un imbécile. De la douceur, de la coquetterie (et surtout, au nom du Ciel, des refus, des refus et des refus) le mettront à vos pieds, place que je lui envie du fond de mon âme; mais que voulez-vous? — Je suis au désespoir du départ d'Annette; [414] quoiqu'il en soit il faut absolument que vous veniez cet automne ici ou bien à Pskov. On pourra prétexter une maladie d'Annette. Qu'en pensez-vous? répondez-moi, je vous en supplie; et n'en dites rien à A.[lexis] Voulf. — Vous viendrez? — n'est ce pas? — jusque-là ne décidez rien à l'égard de votre mari. Vous êtes jeune, une carrière entière est devant vous — lui…… Enfin soyez sûre que je ne suis pas de ceux, qui ne conseilleront jamais un parti violent — quelquefois c'est inévitable — mais d'abord il faut raisonner et ne pas faire d'éclat inutile.

Adieu, il fait nuit, et votre image m'apparait toute triste et toute voluptueuse — je crois voir votre regard, votre bouche entrouverte.

Adieu — je crois être à vos pieds, je les presse, je sens vos genoux — je donnerai tout mon sang pour une minute de réalité. Adieu et croyez à mon délire; il est ridicule mais vrai. [415]

208. А. П. Керн. 28 августа 1825 г. Михайловское.

Voici une lettre pour Md votre tante, vous pouvez la garder si par hasard on n'est plus à Riga. Dites-moi, peut-on être aussi étourdie que vous l'êtes? comment une lettre adressée à vous, est-elle tombée en d'autres mains que les vôtres? Mais comme ce qui est fait est fait — parlons de ce que nous aurons à faire.

Si Mr votre époux vous ennuie trop, quittez-le — mais savez-vous comment? vous laissez là toute la famille, vous prenez la poste vers Ostrof et vous arrivez où? à Trigorsky? pas du tout: à Michailovsky. Voilà le beau projet qui me tracasse l'imagination depuis un quart d'heure. Mais concevez-vous quel serait mon bonheur? Vous me direz: „Et l'éclat, et le scandale?“ Que diable! en quittant un mari le scandale est complet, le reste n'est rien ou peu de chose. — Mais avouez que mon projet est romanesque? — Conformité de caractère, haine des barrières, organe du vol très prononcé, etc. etc. — Concevez-vous l'étonnement de Mde votre tante? Il s'ensuivra une rupture. Vous verrez votre Cousine en secret, c'est le moyen de rendre l'amitié moins insipide — et Kern une fois mort — vous êtes libre comme l'air Eh bien, qu'en dites-vous? quand je vous disais que j'étais en état de vous donner un conseil hardi et imposant!

Parlons sérieusement, c'est-à-dire froidement: vous reverrai-je? l'idée que non me fait frissonner. — Vous me direz: consolez-vous. Fort bien, mais comment? devenir amoureux? impossible. Il faut d'abord oublier vos spasmes — m'expatrier? m'étrangler? me marier? Tout cela présente de grandes difficultés, j'y répugne Ha! vos lettres, à propos. Comment les recevrai-je? Votre Tante ne veut pas de cette correspondance si chaste, si innocente (et le moyen…. à 400 verstes). Il est probable que nos lettres seront interceptées, lues, commentées et puis brulées en cérémonie. Tâchez de déguiser votre écriture et je verrai le reste. — Mais écrivez-moi et beaucoup en long et en large et en diagonale (terme de géométrie). Voilà ce que c'est que diagonale. [416] Mais surtout donnez moi l'espérance de nous revoir. Si non, je tâcherai vraiment d'être amoureux autre part. J'oubliais: je viens d'écrire [une] à Netty une lettre bien tendre, bien basse. Je raffole de Netty. Elle est naïve — et vous ne l'êtes pas. Pourquoi n'êtes vous pas naïve. N'est-ce pas que je suis beaucoup plus aimable par poste qu'en face? hé bien, si vous venez, je vous promets d'être extrêmement aimable — je serai gai lundi, exalté mardi, tendre mercredi, leste jeudi, vendredi, samedi et dimanche je serai tout ce qu'il vous plaira et toute la semaine à vos pieds. Adieu.

28 août

Ne décachetez pas la lettre ci-jointe. Ce n'est pas bien. Mde votre tânte s'en fâcherait.

Mais admirez comme le bon Dieu mêle les choses: Mde O.[ssipof] décachette une lettre à vous, vous décachetez une lettre à elle, je décachette une lettre de Netty — et nous y trouvons tous de quoi nous édifier — vraiment c'est un charme! [417]

[П. А. Осиповой: [418]]

Oui, madame, honny soit qui mal y pense. Ha, les méchants qui croient qu'une correspondance puisse mener à quelque chose! Serait-ce par expérience qu'ils le savent? mais je leur pardonne, faites en de même et continuons.

Votre dernière lettre (de minuit) est charmante; j'ai ri de tout mon coeur; mais vous êtes trop sévère envers votre aimable nièce; il est vrai qu'elle est étourdie, mais patience: encore une vingtaine d'années et elle se corrigera, je vous le promets; quant à sa coquetterie, vous avez tout-à-fait raison, elle est désolante. Comment ne pas se contenter de plaire à Sire Kern, puisqu'elle a ce bonheur? Non, il faut encore qu'elle tourne la tête à Mr votre fils, à son Cousin! arrivée à Trigorsky, il lui [419] passe par l'esprit de captiver Mr Rokotof et moi; ce n'est pas tout: arrivée à Riga, elle voit dans sa maudite forteresse un maudit prisonnier, elle devient la coquette Providence de ce sacré каторжник! ce n'est pas tout, vous m'apprenez qu'il y a dans l'affaire encore des uniformes! ha, par exemple, c'en est trop: Mr Rokotof le saura, et nous verrons ce qu'il en dira. Mais, Madame, croyez-vous sérieusement qu'elle fasse la coquette indifféremment? elle dit que non; j'aime à la croire, mais ce qui me rassure encore plus, c'est que tout le monde n'a pas la même manière de faire la cour, et pourvu que les autres soient respectueux, timides et délicats, c'est tout ce qu'il me faut. Je vous remercie, Madame, de [votre] n'avoir pas rendu ma lettre, elle était trop tendre, et dans les circonstances actuelles, ce serait ridicule de ma part. Je m'en vais lui écrire une autre, avec l'impertinence qui me caractérise, et décidément je m'en vais rompre avec elle; il ne sera pas dit que j'ai tâché de porter le trouble au sein d'une famille; que Ерм.[олай] Ѳед.[орович] puisse m'accuser de n'avoir pas de Principes et que sa femme puisse se moquer de moi. — Que vous êtes aimable d'avoir trouvé le portrait ressemblant: „hardie dans etc.“ N'est-ce pas? Elle dit encore que non; mais c'est fini, je ne la croirai plus.

Adieu, Madame, c'est avec bien de l'impatience que j'attends votre arrivée — nous médirons de la Netty du Nord que je regretterai toujours d'avoir vue, et encore plus de ne pas [?] l'avoir [?] possédée [?]. [420] Pardonnez cet aveu un peu trop sincère à celui qui vous aime bien tendrement quoique bien différemment.

Michailovs.

Адрес: A madame Ossipof [421]

209. П. А. Плетнев — Пушкину. 29 августа 1825 г. Петербург.

29 авг. 1825.

A propos: [422] не имянинник ли ты завтра? Поздравляю тебя и целую. Все, мною посланные, книги ты уже должен теперь получить. Я нарочно выправлялся и узнал, что Русская Старина для П.[расковьи] А.[лександровны] отправлена 18 июля, Руслан и Пленник для тебя 21 июля, а Грамматика Пенинского для тебя же 7 августа. Может быть, не скоро доходят до тебя повестки из вашей почтовой экспедиции. Это надобно разобрать самому тебе: а то за что ж пропадать будут наши посылки? Сленин только в том виноват перед тобою, что замедлил выслать деньги, о которых я тебя предуведомлял. Теперь он исправился, и на одной почте с моим письмом ты должен получить их, но не 725 рублей, а только 525 р. Остальные же 200 р., с твоего позволения, на несколько недель я у него взял для одной собственной крайней нужды. Надеюсь, что ты на меня не только не будешь сердиться, но похвалишь, что я без церемонии взял у тебя, а не у другого кого. Впрочем ты всё — таки уведомь меня, когда получишь эти 525 р., а я свой долг тебе возвращу аккуратно, как только у меня случатся деньги. С St. Florent [423] не вижу нужды теперь ни в чем условливаться. На будущее время у меня есть другой план, о котором скажу в этом же письме. Не сердись, что я подробно извещаю тебя об Онегине. Аккуратные отчеты — моя слабая сторона. Да это и тебе забавно от нечего делать. Всеволожскому остальные 500 р. Лев давно отдал, а Вяземскому 600 еще нет, как он мне сказывал. Может быть, после того — не знаю: он к тебе верно сам об этом написал уже или напишет. Винится перед тобой слезно. Поправки твои псе получил и отдал Льву, чтобы он непременно поместил их при переписке твоих Раз.[ных] Стихотвор.[ений]. У тебя в Элегии: Желание славы, один стих без рифмы:

Желаю славы я, чтоб именем моимТвой слух… и проч.

Если это с намерением сделал ты, так извини, что я по невежеству не догадался; если же просмотрел, то не хочешь ли прислать поправки?

Умоляю тебя отстать от лени и приняться за приготовление всех поэм к новому изданию. Я не могу сделать к ним предисловий и примечаний вместо тебя, во 1) потому, что у меня нет совсем свободного времени, 2) я испортил бы всё дело какою-нибудь грубою или глупою ошибкою и проч. Fournier [424] здесь уже нет: Лев сказал мне, что он уехал. Об Онегине заговаривал-было я с книгопродавцами, чтобы они взяли остальные экзем. с уступкою им за всё издание 1000 рублей. Никак не соглашаются. Они думают, что эта книга уже остановилась, а забывают, как ее расхватят, когда ты напечатаешь еще песнь или две. Мы им тогда посмеемся дуракам. Признаюсь, я рад этому. Полно их тешить нам своими деньгами. Милый, прими совет мой! Я буду говорить тебе, как опытный человек в деле книготорговли и совершенно преданный выгодам твоим, почти столько же, сколько и твоей славе. Желаешь ли ты получить денег тысяч до пятидесяти в продолжение пяти месяцев или даже четырех с начала сентября до конца декабря?

Вот единственное и вернейшее средство: I. Пришли мне (как только возможно тебе скорее) вторую и третию песни Онегина, чтобы я вместе напечатал их в одной книжке в продолжение сентября. Но заметь, что надобно прислать оригинал так, как отдавать его следует в цензуру. В противном случав дело затянется, и я уже тогда не отвечаю за успех. Главное условие: делать всё так, как я предлагаю. II. Велеть Льву в половине сентября непременно отдать мне Разные Стихотворения, чисто в со всеми твоими последними поправками переписанные, чтобы 1-го октября взял я их от цензора и снес в типографию. III. Приготовь оригиналы, со всеми своими давними и новыми поправками, примечаниями и проч., всех пяти поэм; Руслана, Пленника, Фонтана, Разбойников и Цыганов — непременно к 15-му октября, чтобы я мог их к 1-му ноября ваять от цензора и снести в типографию. Если это всё ты в состоянии сделать, то я (отвечаю честию), не требуя от тебя ни копейки за бумагу и печатание, доставлю тебе к 1-му генваря 1826 года (как хочешь: в разные ли сроки, или вдруг к этому одному сроку) не менее 50.000 рублей: в этом

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