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Читем онлайн Волшебная гора. Часть I - Томас Манн

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– Давай посмотрим, – автоматически повторил Ганс Касторп. Они говорили вполголоса, под звуки пианино. – Будем сидеть и наблюдать точно во сне. Ведь для меня, нужно тебе сказать, все это как сон, вот так сидеть с тобой рядом, – comme un reve singulierement profond, car il faut dormir tres profondement pour rever comme cela… Je veux dire: C'est un reve bien connu, reve de tout temps, long, eternel, oui, etre assis pres de toi comme a present, voila l'eternite.[156]

– Poete! – сказала она. – Bourgeois, humaniste et poete – voila l'Allemand au complet, comme il faut![157]

– Je crains que nous ne soyons pas du tout et nullement comme il faut, – ответил он. – Sous aucun egard. Nous sommes peut-etre des трудные дети нашей жизни, tout simplement.[158]

– Joli mot. Dis-moi donc… Il n'aurait pas ete fort difficile de rever ce reve-la plus tot. C'est un peu tard que monsieur se resout a adresser la parole a son humble servante.[159]

– Pourquoi des paroles? – сказал он. – Pourquoi parler? Parler, discourir, c'est une chose bien republicaine, je le concede. Mais je doute que ce soit poetique au meme degre. Un de nos pensionnaires, qui est un peu devenu mon ami, Monsieur Settembrini…[160]

– Il vient de te lancer quelques paroles.[161]

– Eh bien, c'est un grand parleur sans doute, il aime meme beaucoup a reciter de beaux vers, – mais est-ce un poete, cet homme-la?[162]

– Je regrette sincerement de n'avoir jamais eu le plaisir de faire la connaissance de ce chevalier.[163]

– Je le crois bien.[164]

– Ah! Tu le crois.[165]

– Comment? C'etait une phrase tout a fait indifferente, ce que j'ai dit la. Moi, tu le remarques bien, je ne parle guere le francais. Pourtant, avec toi je prefere cette langue a la mienne, car pour moi, parler francais, c'est parler sans parler, en quelque maniere, – sans responsabilite, ou comme nous parlons en reve. Tu comprends?[166]

– A peu pres.[167]

– Ca suffit… Parler, – продолжал Ганс Касторп, – pauvre affaire! Dans l'eternite, on ne parle point. Dans l'eternite, tu sais, on fait comme en dessinant un petit cochon: on penche la tete en arriere et on ferme les yeux.[168]

– Pas mal, ca! Tu es chez toi dans l'eternite, sans aucun doute, tu la connais a fond. Il faut avouer que tu es un petit reveur assez curieux.[169]

– Et puis, – сказал Ганс Касторп, – si je t'avais parle plus tot, il m'aurait fallu te dire «vous».[170]

– Eh bien, est-ce que tu as l'intention de me tutoyer pour toujours?[171]

– Mais oui. Je t'ai tutoyee de tout temps et je te tutoierai eternellement.[172]

– C'est un peu fort, par exemple. En tout cas tu n'auras pas trop longtemps l'occasion de me dire «tu». Je vais partir.[173]

Он не сразу понял. Потом весь задрожал, растерянно озираясь, словно внезапно пробужденный от сна. Их беседа протекала довольно медленно, так как Ганс Касторп произносил французские слова запинаясь и словно колеблясь. Звуки пианино, на время умолкшие, раздались снова, теперь заиграл мангеймец, он поставил перед собою ноты и сменил юношу славянина. Рядом с ним села фрейлейн Энгельгарт и стала перевертывать ему страницы. Толпа танцующих поредела. Видимо, многие пациенты заняли горизонтальное положение. Впереди никто уже не сидел. В читальне занялись картами.

– Что ты сказала? – спросил упавшим голосом Ганс Касторп.

– Я уезжаю, – повторила она улыбаясь и, видимо, удивленная, что он вдруг точно оцепенел.

– Не может быть, – проговорил он. – Это шутка.

– Вовсе нет. Совершенно серьезно. Я действительно уезжаю.

– Когда?

– Да завтра. Apres diner.[174]

Ему показалось, что внутри у него произошел обвал. Он спросил:

– Куда же?

– Очень далеко отсюда.

– В Дагестан?

– Tu n'es pas mal instruit. Peut-etre, pour le moment…[175]

– Разве ты выздоровела?

– Quant a ca… non.[176] Но Беренс считает, что сейчас пребывание здесь мне, пожалуй, уже ничего не даст. C'est pourquoi je vais risquer un petit changement d'air.[177]

– Значит ты вернешься?

– Это вопрос. И главное – вопрос, когда. Quant a moi, tu sais, j'aime la liberte avant tout et notamment celle de choisir mon domicile. Tu ne comprends guere ce que c'est: etre obsede d'independance. C'est de ma race, peut-etre.[178]

– Et ton mari au Daghestan te l'accorde, – ta liberte?[179]

– C'est la maladie qui me la rend. Me voila a cet endroit pour la troisieme fois. J'ai passe un an ici, cette fois. Possible que je revienne. Mais alors tu seras bien loin depuis longtemps.[180]

– Ты думаешь, Клавдия?

– Mon prenom aussi! Vraiment tu les prends bien au serieux les coutumes du carnaval![181]

– A ты знаешь, насколько я болен?

– Oui – non – comme on sait ces choses ici. Tu as une petite tache humide la dedans et un peu de fievre, n'est-ce pas?[182]

– Trente-sept et huit ou neuf l'apres-midi[183], – сказал Ганс Касторп. – A ты?

– Oh, mon cas, tu sais, c'est un peu plus complique… pas tout a fait simple.[184]

– Il y a quelque chose dans cette branche de lettres humaines dite la medecine, – сказал Ганс Касторп, – qu'on appelle bouchement tuberculeux des vases de lymphe.[185]

– Ah! Tu as moucharde, mon cher, on le voit bien.[186]

– Et toi…[187] Прости, пожалуйста. А теперь позволь мне задать тебе очень важный вопрос и притом по-немецки. Когда я полгода назад отправился после обеда на осмотр… полгода назад… А ты еще оглянулась и посмотрела на меня, помнишь?

– Quelle question! Il y a six mois![188]

– Ты знала, куда я иду?

– Certes, c'etait tout a fait par hasard…[189]

– Ты узнала от Беренса?

– Toujours ce Behrens![190]

– Oh, il a represente ta peau d'une facon tellement exacte… D'ailleurs, c'est un veuf aux joues ardentes et qui possede un service a cafe tres remarquable… Je crois bien qu'il connaisse ton corps non seulement comme medecin, mais aussi comme adepte d'une autre discipline de lettres humaines.[191]

– Tu as decidement raison de dire que tu parles en reve, mon ami.[192]

– Soit… Laisse-moi rever de nouveau apres m'avoir reveille si cruellement par cette cloche d'alarme de ton depart. Sept mois sous tes yeux… Et a present, ou en realite j'ai fait ta connaissance, tu me parles de depart![193]

– Je te repete, que nous aurions pu causer plus tot.[194]

– A ты хотела бы этого?

– Moi? Tu ne m'echapperas pas, mon petit. Il s'agit de tes interets, a toi. Est-ce que tu etais trop timide pour t'approcher d'une femme a qui tu parles en reve maintenant, ou est-ce qu'il y avait quelqu'un qui t'en a empeche?[195]

– Je te l'ai dit. Je ne voulais pas te dire «vous».[196]

– Farceur. Reponds donc, – ce monsieur beau parleur, cet Italien-la qui a quitte la soiree, – qu'est-ce qu'il t'a lance tantot?[197]

– Je n'en ai entendu absolument rien. Je me soucie tres peu de ce monsieur, quand mes yeux te voient. Mais tu oublies… il n'aurait pas ete si facile du tout de taire ta connaissance dans le monde. Il y avait encore mon cousin avec qui j'etais lie et qui incline tres peu a s'amuser ici: Il ne pense a rien qu'a son retour dans les plaines, pour se faire soldat.[198]

– Pauvre diable. Il est, en effet, plus malade qu'il ne sait. Ton ami italien du reste ne va pas trop bien non plus.[199]

– Il le dit lui-meme. Mais mon cousin… Est-ce vrai? Tu m'effraies.[200]

– Fort possible qu'il aille mourir, s'il essaye d'etre soldat dans les plaines.[201]

– Qu'il va mourir. La mort. Terrible mot, n'est-ce pas? Mais c'est etrange, il ne m'impressionne pas tellement aujourd'hui, ce mot. C'etait une facon de parler bien conventionnelle, lorsque je disais «Tu m'effraies». L'idee de la mort ne m'effraie pas. Elle me laisse tranquille. Je n'ai pas pitie – ni de mon bon Joachim ni de moi-meme, en entendant qu'il va peut-etre mourir. Si c'est vrai, son etat ressemble beaucoup au mien et je ne le trouve pas particulierement imposant. Il est moribond, et moi, je suis amoureux, eh bien! – Tu as parle a mon cousin a l'atelier de photographie intime, dans l'antichambre, tu te souviens.[202]

– Je me souviens un peu.[203]

– Donc ce jour-la Behrens a fait ton portrait transparent![204]

– Mais oui.[205]

– Mon dieu. Et l'as-tu sur toi?[206]

– Non, je l'ai dans ma chambre.[207]

– Ah, dans ta chambre. Quant au mien, je l'ai toujours dans mon portefeuille. Veux-tu que je te le fasse voir?[208]

– Mille remerciements. Ma curiosite n'est pas invincible. Ce sera un aspect tres innocent.[209]

– Moi, j'ai vu ton portrait exterieur. J'aimerais beaucoup mieux voir ton portrait interieur qui est enferme dans ta chambre… Laisse-moi demander autre chose! Parfois un monsieur russe qui loge en ville vient te voir. Qui est-ce? Dans quel but vient-il, cet homme?[210]

– Tu es joliment fort en espionnage, je l'avoue. Eh bien, je reponds. Oui, c'est un compatriote souffrant, un ami. J'ai fait sa connaissance a une autre station, balneaire, il y a quelques annees deja. Nos relations? Les voila: nous prenons notre the ensemble, nous fumons deux ou trois papiros, et nous bavardons, nous philosophons, nous parlons de l'homme, de Dieu, de la vie, de la morale, de mille choses. Voila mon compte rendu. Es-tu satisfait?[211]

– De la morale aussi! Et qu'est-ce que vous avez trouve en fait de morale, par exemple?[212]

– La morale? Cela t'interesse? Eh bien, il nous semble qu'il faudrait chercher la morale non dans la vertu, c'est-a-dire dans la raison, la discipline, les bonnes moeurs, l'honnetete, – mais plutot dans le contraire, je veux dire: dans le peche, en s'abandonnant au danger, a ce qui est nuisible, a ce qui nous consume. Il nous semble qu'il est plus moral de se perdre et meme de se laisser deperir que de se conserver. Les grands moralistes n'etaient point des vertueux, mais des aventuriers dans le mal, des vicieux, des grands pecheurs qui nous enseignent a nous incliner chretiennement devant la misere. Tout ca doit te deplaire beaucoup, n'est-ce pas?[213] Великие моралисты вовсе не были добродетельными, они были порочными, искушенными в зле, великими грешниками, и они учат нас по-христиански склоняться перед несчастьем. Все это тебе, наверно, очень не нравится, правда?]

Он молчал. Он сидел все в той же позе, скрестив ноги под скрипучим креслом, наклонившись к лежащей женщине в бумажной треуголке, держал в руке ее карандаш и смотрел голубыми, как у Ганса-Лоренца Касторпа, глазами в глубину опустевшей комнаты. Пациенты разошлись. Звуки пианино, стоявшего в углу наискосок от обоих, лились теперь тихо и неровно, больной мангеймец наигрывал одной рукой, а подле него сидела учительница и листала какие-то ноты, лежавшие у нее на коленях. Когда беседа между Гансом Касторпом и Клавдией Шоша оборвалась, пианист совсем снял руку с клавиатуры и опустил ее, а фрейлейн Энгельгарт продолжала смотреть в нотную тетрадь. Четверо оставшихся от общества, которое веселилось здесь в карнавальную ночь, сидели неподвижно. Безмолвие продолжалось несколько минут. Медленно, все ниже и ниже склонялись под его грузом головы той пары у пианино, голова мангеймца – к клавиатуре, а фрейлейн Энгельгарт – к нотной тетради.

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